VU À L'ÉTRANGER Danish Crown : la mort en direct
Alors qu'une polémique s'est installée sur les pratiques dans les abattoirs en France, la coop danoise invite la population à vivre en direct chaque étape jusqu'à la tuerie.
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Danish Crown, l'une des principales coopératives du Danemark, spécialisée dans la viande porcine, a décidé d'ouvrir les portes de son abattoir d'Horsens, dans la province du Jutland. « Présenter en toute transparence son activité abattage entre dans la stratégie institutionnelle de Danish Crown, souligne Suzann Olsson, responsable des visites de l'abattoir. Nous partons du principe que ce que l'on cache va forcément être source de rumeurs et de conflits. »
Un parcours de 1,7 km
Sur un parcours de 1,7 km, les visiteurs vivent en direct, derrière des vitres, chaque phase de l'abattage, de la salle de déstresse où les animaux vont passer deux heures après leur transport, à la sortie en caissettes des différentes parties des animaux. Trente étapes avec pour chacune, un écran vidéo et des panneaux explicatifs reprenant la scène que vous pouvez découvrir de visu à quelques mètres.
Votre guide vous donne tous les détails. Le dialogue s'installe et il répond en pleine transparence à toutes vos questions. Par exemple, sur l'étape du sacrifice qui pourrait être considérée comme sensible, pas de tabou. Il vous prouve à quel point l'animal ne souffre pas, puisqu'il est étourdi au CO2 pendant trois minutes avant d'être saigné. Pas une goutte de sang dans l'atelier. Un respect total de l'animal et du travail de l'homme.
Plus de contraintes que les normes européennes
L'ouverture au public est une stratégie pour Danish Crown. Comme dans tous les pays, l'entreprise a été remise en cause par les citoyens pour la mort de près de 22 millions de porcs et de 700 000 bovins par an dans ses abattoirs. Faire découvrir le plus grand et le plus moderne abattoir d'Europe permet de décomplexer la consommation et d'assurer la responsabilité sociale de la coopérative. On apprend ainsi que le bâtiment s'étend sur 8,2 ha, que l'abattoir emploie près de 2 000 personnes et qu'un porc trouve la mort toutes les trois secondes dans des conditions respectant le bien-être animal. Danish Crown a même développé ses propres normes plus contraignantes que celle éditée par la Communauté européenne. Par exemple, les animaux qui vont être abattus ne peuvent être transportés pendant plus de trois heures au lieu de huit dans le pays.
Un incontournable de l'Education nationale
L'éducation nationale a elle aussi apprécié le geste. Certains professeurs en ont fait un incontournable dans leurs cours. Une formidable occasion de connaître ce qui se consomme dans le porc aussi bien pour les hommes, que pour les animaux de compagnie, et ce qui est exporté comme les oreilles, les queues et les yeux qui partent en Chine. « Les enfants constituent le meilleur public, car cela leur paraît parfaitement naturel, assure Suzann Olsson. A l'adolescence, c'est un peu plus compliqué, ils ont au départ un dégoût, mais cela ne dure pas, car nous expliquons de façon pédagogique le processus. »
Ouvert aux clients aussi
Seule interdiction au cours de ces visites, prendre des photos dans l'abattoir. Non pas à cause des images mais des hommes qui y travaillent. « Au départ, nous autorisions les photos mais avec les réseaux sociaux nous avons dû faire marche arrière. Certains de nos salariés, notamment de confession musulmane ne supportaient pas de se voir sur Facebook, ou encore twitter. » On peut même se restaurer sur place. La visite est gratuite mais le repas payant et doit être commandé à l'avance. Il ne manque plus que la boutique souvenir !
Une démarche victime de son succès
Fortement développée à l'international où elle vend 90 % de sa production, Danish Crown se sert aussi de l'abattoir d'Horsens pour y inviter ses clients. Les délégations du monde entier défilent, notamment chinoises. De nombreux schémas à chaque étape prouvent les efforts faits par la coopérative en matière de qualité. Les différents marchés y sont présentés. On peut également visiter les laboratoires. Instaurée en 2010, cette visite a connu un succès populaire immense à tel point que la direction envisage de limiter le nombre de visiteurs. Six membres du personnel ont été affectés à cette tâche. En 2015, 40 000 personnes ont fait le déplacement à Horsens. Aujourd'hui, il faut réserver près d'une année à l'avance. Les premiers qui ont réagi positivement ce sont les éleveurs. Ils sont venus avec leur famille mais aussi avec leurs salariés ou leurs voisins pour montrer la fierté de leur métier, pour évacuer les tabous de la souffrance de leurs animaux et prouver le bien-fondé de leur activité.
Toutes les visites se terminent par une enquête orale avec le guide. « Même les plus réticents au départ trouvent intéressant de découvrir comment la viande de porc est produite », souligne Suzann Olsson.
Christophe Dequidt
Des images montrent les prélèvements effectués pour suivre la qualité sanitaire.
C. DEQUIDT
Toutes les interventions font l'objet d'un petit film commenté.
C. DEQUIDT
Le travail des 2 000 employés est expliqué ainsi que l'hygiène appliquée par les ouvriers et la présentation des outils de travail.
C. DEQUIDT
Une vision en direct de toutes les étapes de la chaîne d'abattage derrière des vitres.
C. DEQUIDT
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